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23 juil. 2012

Le combat des chefs


Le « fruit picking » continue dans l’Okanagan, en attendant les vendanges, bien plus rémunératrices. L’un de nos contrats nous emmène à Okanagan Falls, sur les rives du lac du même nom. Notre employeur, lui aussi d’origine indienne, possède une dizaine de vergers entre Kelowna et ici, nous proposant un travail quotidien étalé sur six semaines. Un contrat stable est certes sécurisant et attirant, mais au regard de la pauvreté des pommiers, nous n’y travaillerons que quelques jours.

La vue depuis mon "bureau"
L’environnement quant à lui, est unique. La vue sur le lac est splendide, le soleil omniprésent lui octroie des reflets ocre, et son eau pure offre un miroir aux collines dorées, tel qu’on pourrait croire à un immense tableau peint sur l’onde. Et un jour, alors que je travaille au sommet de mon échelle, j’entends un bruit sourd et proche, comme si quelqu’un tapait sur un arbre voisin du mien avec un bout de bois, et d’un rythme saccadé. En descendant de quelques échelons, j’aperçois deux cerfs majestueux, à quelques mètres de moi, qui s’affrontent violemment, bois contre bois. Si l’on en croit le nombre important de ramifications des cornes et leur pelage brun-roux surmonté d’une crinière jeune et peu épaisse, ils doivent être âgés de quatre ou cinq ans. Le combat est équitable et ouvert. Les deux mammifères s’examinent, se tournent autour semblant réfléchir à une stratégie d’attaque. Ils baissent la tête, se présentent élégamment leur armes, et effectuent un soudain bond vers l’avant. Le choc est impressionnant, me confortant dans l’idée de profiter du spectacle du haut de mon échelle. Les bois s’entremêlent, se frottent, s’accrochent et se coincent. Un brusque retrait mutuel, un bref recul, une ruade incisive et le duel reprend son cours. Je m’interroge sur les raisons de ce combat : est-ce pour revendiquer un territoire ? Cette hypothèse me paraît rapidement infondée, puisque les cervidés s’affrontent dans un verger, donc pas un lieu de résidence convenable pour eux. Est-ce un match amical, un entraînement pour affûter leurs bois, pour parfaire leur technique ? Là aussi, l’engagement des deux mammifères montre un certain enjeu à la rencontre. Je comprends rapidement le contexte lorsque j’aperçois de l’autre côté du champ un groupe de trois jeunes biches, suivies de quelques faons intimidés par la majesté de leurs aînés guerriers, et dont la maladresse de certains démontre même un âge très jeune.  La période de rut touchant à sa fin, c’est sûrement leur dernière aventure que ces mâles négocient. Leur simple fierté pourrait également être en jeu. Pour ma part, j’aime à penser que les deux cerfs revendiquent chacun la paternité des adorables faons…

Le combat des chefs

La chasse est ouverte...
Sans vainqueur ni vaincu, le duel s’achève. Les deux protagonistes s’en vont chacun de leur côté, tels deux princes qui signent une trêve, réalisant que le match est nul. Les biches, quant à elles, peuvent être tranquilles sachant qu’elles n’auront à subir aucune cour. Sereinement,  elles se dirigent vers nos bennes remplies de pommes, et se servent insolemment du fruit de notre travail. Intimidé par ces œuvres de la nature, je ne sais trop quoi faire. C’est alors que j’entends le propriétaire accourir et jurer contre les pillards. Me sentant libre d’user de mon droit de protestation, je décroche une pomme et m’en sert comme argument de négociation. Tel David, je la leur jette et atteint l’une des biches en plein cœur. « Get the f*** out of here ! These are mine ! » Comprenant que leur présence est indésirable, la famille emprunte nonchalamment le chemin du retour, se retournant vers moi à quelques reprises en me jetant des regards qui, selon moi ne peuvent signifier qu’une unique chose : « not even hurt, mate ! »






Renaud TEILLARD


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