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Soyez les bienvenus sur ce blog qui retrace mon périple d'une année et demie au Canada. J'espère qu'à travers celui-ci, vous pourrez découvrir en partie ce chaleureux et fantastique pays !
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Merci de votre visite, et bonne lecture !

Pour les amateurs de films, n'hésitez pas à visionner les vidéos que j'ai réalisées sur mon aventure canadienne !

27 oct. 2011

Second Cup


Lors de mon arrivée à Montréal, je m’étais promis de profiter de la ville, de visiter et de m’amuser pendant une à deux semaines, puis de rechercher activement une source de financement. Fidèle à mes engagements, je commençai à postuler à divers endroits au bout de 10 jours. La restauration était la branche la plus demandeuse et la plus fructueuse, spécialement lors de la saison estivale et l’afflux touristique, m’avait-on assuré. Et on avait raison : le lendemain de mes premiers dépôts de CV, on m’appelait pour un entretien à la fin duquel on me donnait déjà la date de mon premier jour de travail. L’endroit se nommait Second Cup (ou « Deuxième Tasse », pour certains irréductibles Québécois fortement attachés à la langue française), une chaîne de cafés canadienne comparable à Starbucks, avec un positionnement de véritable spécialiste du café et plus haut de gamme, accompagné d’une fidélisation accrue, bien plus à travers le comportement très amical de ses employés envers les « invités » que par une véritable politique de marketing fidélisant.

Avant de prendre mon premier « shift » (terme largement utilisé dans le secteur pour désigner une plage horaire), on me fit suivre une formation à distance : l’ensemble était composé d’une vingtaine de modules tous finalisés par une évaluation. Le début de la formation était une formidable preuve de la réussite du marketing corporate nord-américain portant les employés à aimer leur travail et leur entreprise. Dès les premières pages, la présentation du groupe se faisait sur un ton qui me poussait à devenir le premier fan de Second Cup ! Création en 1975, 360 franchises dans le pays  et quelques unes au Moyen-Orient, plus de 5.000 vendeurs associés, des cafés systématiquement équitables et majoritairement certifiés équitables par des organismes comme Rainforest Alliance, Fair Trade, ou Ocia,… La suite me transformait en un véritable expert du café ! On m’y expliquait la chaîne intégrale de transformation que suivait le café, depuis la cueillette en grain ou en grappe jusqu’à la gorgée savoureuse de café moulu. On me présentait les caractéristiques et origines de chaque café proposé, sachant que 20 à 30 sortes différentes étaient mises en vente : Cuzco péruvien, Sumatra Mandheling, Royal Blend, Limu éthiopien, Paradiso, Continental, Minita Tarrazu, Vanille Française, Espresso forte,… Le reste de la formation consistait enfin en une présentation des classiques consignes d’hygiène et de travail.

Le Second Cup où je fus embauché se situait sur l’avenue du Mont-Royal Est, grande artère très connue et fréquentée, aussi surnommée par certains « la Petite France » en raison du nombre très important de Français installés dans le quartier. L’intérieur chaleureux offrait le loisir de s’étendre sur les confortables fauteuils et de profiter du WiFi, et la terrasse extérieure, au coin avec la rue Saint-André, avait une vue imprenable sur les passants. Mes premières semaines dans ce café furent laborieuses au regard du nombre important de recettes chaudes et froides qu’il fallait connaître et préparer. L’accent québécois fut également une grande difficulté pour moi aux débuts, et maintes fois je dus faire répéter leurs commandes aux clients. Les premiers temps furent également peu chargés en termes d’horaires de travail, soit moins de 20h par semaine. Au bout d’un mois, ayant acquis de l’expérience et de l’assurance, je m’autorisai à revendiquer un planning suffisamment fourni, ce que j’obtins en héritant peu à peu de la majorité des « close » ou fermetures. En juin, on me confiait ainsi les clés du café et je devenais officieusement « the closeman », en effectuant des shifts de 16h à minuit ou 2h, et en totalisant une moyenne de 45h par semaine (mon record : une journée de 14h et une semaine de 58h.)

Le stand de Second Cup lors
des Nuits Blanches
Le gros avantage du travail de soir résidait dans le calme (qui boit du café le soir ?) et l’opportunité d’apprendre à connaître mes collègues, tous âgés de moins de 30 ans. Je créai ainsi des liens forts avec Annabelle, jeune Française énergique et souriante travaillant à mi-temps dans la confection de vitraux ; Kerry, une étudiante canadienne anglophone de prime abord très sage et raisonnée mais en fait très « chill et fine » (amusante et sympa) ; Laura, jeune Québécoise excentrique et empathique d’origine roumaine ; et bien d’autres encore. Ne travaillant qu'avec des filles, ce fut au départ fort agréable, mais par la suite une présence masculine et solidaire n’aurait pas été de trop. Travailler de soir me permettait également de discuter avec la clientèle, composée à 30% d’habitués dont certains devinrent des amis. J’appris ainsi beaucoup du Québec et de ses habitants, et je me pris parfois à discuter avec certains de philosophie, de métaphysique, de religion ou de science une heure durant.

Des habitués du café
Toutes les 2 semaines, mon salaire était viré sur mon compte à la Banque Nationale du Canada. Au Québec, la tradition veut que ce jour tombe un jeudi, chaque semaine ou une sur deux, et que ce soir-là les bars et les clubs fassent salle comble pour célébrer ce grand jour. Pour ma part, en plus du salaire, je percevais une partie des Tipps ou pourboires (divisés quotidiennement et également entre les personnes présentes.) La chose la plus étonnante, c’est qu’à partir du moment où il n’y a pas de service en salle, les tipps ne sont pas taxés et donc pas obligatoires. Mais il existe une tradition du pourboire telle que si une coupelle affiche un généreux « POURBOIRES MERCI », la majorité des clients laissent quelques centimes ou quelques dollars. En moyenne, ceux-ci s’élevaient ainsi à 50% de mon salaire.

A la mi-août je démissionnai, avec une légère tristesse il faut l’avouer. Mais une autre aventure bien différente m’attendait : un road-trip à travers le canada en camper-van…








Renaud TEILLARD

8 oct. 2011

Le Mont-Royal

Le Mont-Royal est un élément mythique et bien surprenant de Montréal : c’est une grande colline encore majoritairement boisée située au milieu de la ville, longue d’environ 4km entre ses extrémités. Recouverte de neige jusqu’à la mi-avril, elle devient l’été le rendez-vous incontournable de tous les montréalais et touristes en quête de nature, de randonnées pédestres ou cyclistes, ou en recherche d’un panorama incomparable sur la ville de Montréal et ses alentours.
Les mythiques tams-tams du Mont-Royal
Au bas de la colline, chaque dimanche durant les beaux jours, on peut également y retrouver les fameux « tams-tams » de Montréal : un regroupement spontané et libre de dizaines de percussionnistes, autour desquels se retrouvent des centaines de personnes. Les plus motivés se déhanchent, les uns regardent, les autres se reposent sur les pelouses, jouent, discutent ou passent tout simplement leur temps à profiter de la vie. Un moment unique où tout le monde vibre au son des djumbés, bongos, tambours et autres tams-tams.




Une skieuse de fond au Mont-Royal
Historiquement, en 1535 jacques Cartier était conduit au sommet du mont par la tribu des Indiens d’Hochelaga (aujourd’hui le nom du quartier où j’habitai durant 2 mois.) Contemplant la vue, il lui donna le nom de Mont-Royal, sous-entendant ainsi que l’endroit était digne d’un prince. Une deuxième version du nom de la colline affirme que l’homme était lié d’amitié avec un haut dignitaire italien du nom de Monreale, et qu’il lui donna ce nom en son hommage. Ma version, plus loufoque mais que je préfère, est la suivante : arrivé au sommet du mont et époustouflé par la beauté de l’endroit, Jacques Cartier s’écria : « Woah, c’est royal, ici ! » Et ses acolytes pour le « niaiser », ou le taquiner, surnommèrent la colline le Mont-Royal, surnom qui devint peu à peu le nom officiel du lieu.


Le panorama sur le downtown de Montréal

La première fois que je m’y rendis à pied, ses pentes étaient encore couvertes d’un grand manteau de neige. Pour monter jusqu’au belvédère et au point de vue sur le centre-ville et ses tours, je dû marcher une longue heure, tentant par endroits de sortir des sentiers pour me rendre compte des dangers du verglas… En chemin, je croisai d’étonnants skieurs de fond qui, pour certains d’entre eux, faisait ce sport chaque fin de semaine. Voir ça au beau milieu de la ville, dieu que c’est dépaysant ! Arrivé au sommet essoufflé, je pus enfin admirer ce magnifique panorama sur le « downtown » : les tours du centre-ville, le collège McGill faisant d’avantage penser à une ancienne forteresse à l’anglaise qu’à un centre de formation, le fleuve Saint-Laurent dans le fond, la rive sud et au loin, les monts Saint-Bruno et Saint-Hillaire. Au bout d’un moment, un québécois m’aborda et me demanda si j’acceptais de poser devant son objectif en me coiffant d’un chapeau gris surmonté d’un volant de badminton rouge. L’homme s’inspirait du concept du nain voyageur d’Amélie Poulain, en prenant des photos de personnes rencontrées dans tous les endroits du monde où il s’était rendu. Il se disait « saumoniste », un nouveau courant artistique semblait-il inventé par lui-même (rien que ça !)

Mon ami l'écureuil
En continuant mon chemin à travers bois, je distinguai une surprenante créature cachée derrière un tronc, une sorte de petit rongeur brun à la queue touffue. Un écureuil ! Chouette, me dis-je alors, je vais tenter de m’approcher de lui. M’approchant très doucement de quelques pas, m’accroupissant et me tassant au maximum pour diminuer mon volume et la menace que je pouvais représenter, je tendis doucement la main, paume vers le ciel, pour faire croire à l’animal que je luis offrais de la nourriture. Le rongeur hésita, puis se rapprocha de moi. Il se dressa sur ses pattes arrière, museau au vent pour humer ces victuailles imaginaires. Dupé, il s’approcha d’avantage. Je voyais dans ses yeux et son langage corporel le trouble né du mélange entre la peur et la gourmandise. Ce fut finalement la dernière qui prit le pas, car il finit par poser ses petites pattes avant et son museau dans ma main, cherchant désespérément la nourriture attendue. Désolé, l’ami, mais il n’y a rien. Déçu, l’écureuil se retourna et prit la direction de sa cachette. A mi-chemin, il s’arrêta, tourna sa tête vers moi, et nous échangeâmes un long regard empli d’émotions, tous deux satisfaits d’avoir partagé un grand moment avec une autre espèce. Enfin, mon nouvel ami s’en retourna parmi les siens. Content et assuré d’avoir eu un moment privilégié, je redescendis vers le bas de la montagne. Je marchai une heure, et déjà mon ami l’écureuil me manquait. Arrivé proche de la civilisation, de ses routes et de ses voitures, mon rongeur réapparut et traversa la route à toute vitesse, sans me jeter un seul regard ! Pfff, tous les mêmes, me dis-je… Quelques centaines de mètres plus loin, je le retrouvai sur le bord d’une poubelle. Cette fois-ci, c’est moi qui le snobai, agacé. Encore plus loin, je le revis, avec un pelage semblait-il plus clair, et une patte en moins. Tu n’as que ce que tu mérites, pensai-je. Quelques instants plus tard, je recroisai encore mon écureuil… Mais diable, il s’est fait greffer une nouvelle patte ?
En mettant sous tension mon cerveau, en faisant chauffer mes neurones, et en réfléchissant, je me dis que tout cela était louche. Un écureuil qui me suivait en se déplaçant aussi vite, qui changeait de couleur, qui perdait une patte et la récupérait aussi vite, ça clochait ! Peut-être était-ce un mutant ? Ou une expérience du gouvernement canadien pour envoyer des petits robots éclaireur en forme d’animal en Corée du Nord ? Peut-être étais-je en proie à quelque hallucination, après qu’on m’ait versé une drogue dans ma boisson au PFK ?
Après mûre réflexion, je réalisai enfin que ce n’était pas le même écureuil que je voyais depuis quelques heures, mais que la ville en était en fait remplie, et qu’ils étaient ici considérés comme des rats… « Je suis poche ! »

Ci-dessus, un aperçu des tams-tams de Mont-Royal et de la "vibe" qui s'en dégage.










Renaud TEILLARD