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Soyez les bienvenus sur ce blog qui retrace mon périple d'une année et demie au Canada. J'espère qu'à travers celui-ci, vous pourrez découvrir en partie ce chaleureux et fantastique pays !
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Merci de votre visite, et bonne lecture !

Pour les amateurs de films, n'hésitez pas à visionner les vidéos que j'ai réalisées sur mon aventure canadienne !

26 avr. 2012

Premier salaire britano-colombien



Notre travail quotidien
Une première semaine de labeur physiquement éprouvante se déroule lentement, pendant laquelle nous  remplissons quotidiennement une à deux tonnes de poivrons, de piments serranos et jalapeños. Ce sont ces derniers qui génèrent une grande partie du chiffre d’affaire de l’exploitation de Mr Gill. En effet, originaires du Mexique, ils sont extrêmement prisés dans l’industrie de la restauration de l’Amérique du Nord toute entière : on les retrouve même dans les plus grandes chaînes de fast-food, où de nombreux mets sont indiqués comme utilisant ce légume (le Mac Bacon & Jalapeño par exemple.) Fait amusant, le jalapeño est le premier piment à avoir voyagé dans l’espace, envoyé par la NASA. Sûrement voulaient-ils… donner du piment aux missions galactiques. Autre fait qui m’a beaucoup fait rire : la difficulté pour les anglophones de prononcer la Jota, transformant le J en H. Ou quand le Jalapeño devient le HHHalapeños…


Un Punjabi en Okanagan
Pendant ce temps, nous sommes seuls dans les champs, mis à part le beau-père de Mr Gill, un Indien du Punjab à la longue barbe grise, à la tunique blanche, au turban orange et avec une maîtrise de l’anglais proche de celle du Français moyen. Pendant un temps, le seul mot qu’il utilise est « Baketa .» Nous réalisons quelques jours plus tard que le terme utilisé est en fait « bucket » (un seau.) Mais avant, pensant trouver ici une quelconque parole indienne de politesse, nous l’utilisons chaque fois pour le saluer. Par la suite, lorsque je lui demande son nom, il me répond : « mmh. Baketa ! » Très bien… Bonjour, Seau ! Quelques jours plus tard, nous découvrons l’immensité de son savoir lorsqu’il nous montre le véhicule utilisé pour emporter les bennes pleines, en s’exclamant « tRRèktRR » Fantastique, nous venons d’apprendre un deuxième mot du Punjab !


Lors de cette expérience riche en piments, nous rencontrons également Pedro, un Mexicain employé à plein temps dans l’exploitation. Celui-ci, est responsable de la récolte de nos bennes, soulevées par son splendide tracteur bleu et emportées vers le bâtiment principal de S&G Farm. Extrêmement sympathique et souriant, plaisantant sans cesse, il nous apprend beaucoup sur son pays et sur la région de l’Okanagan. Néanmoins soucieux de la qualité de notre récolte, il ne tarit pas de commentaires : « Nooo ! Too muuuuch ! Garbaaage ! You know, my boss ! »

Notre ami Pedro
Une semaine après nos débuts en tant que cueilleurs, mon ami Renato et moi-même commençons à rechercher un véhicule. En effet, la chance qui nous avait offert un premier travail à moins de 4km de notre campement ne se reproduira sans doute pas. Et nous savons l’étendue de la région. Un bolide nous sera indispensable dans notre prospection de contrats temporaires, pour nous rendre sur nos futurs lieux de travail, et pour nous promener dans cette région qui semble promettre des paysages fantastiques. Nous mettons donc rapidement en quête dans les environs, et en demandant à la grande majorité des gens que nous rencontrons, ce qui tourne presque à l’acharnement. Nous rencontrons dans une station essence Seven Eleven Raphaël, un jeune Québécois lui aussi « picker », qui nous explique vouloir troquer sa voiture contre un minivan. Il accepte finalement de nous vendre sa voiture, un rutilante Chrysler New-Yorker, longue et large, aux sièges de velours, tels qu’on en voit conduites par les gangsters des films américains. Et le prix est plutôt agréable : seulement 500$. Mais, nous prévient-il, vous devrez apporter une légère réparation de l’ordre de 100$... L’expérience d’un certain van nous rend immédiatement très méfiant, même si l’homme nous propose de faire la réparation lui-même et semble sincère.


The shadow car
Et c’est finalement notre premier boss qui nous vendra sa voiture, une splendide Chrysler Intrepid blanche de 1997 : V6 sport, boîtier automatique, contrôleur de vitesse, une pure merveille pour seulement 1.000$ Nous profitions de notre première paye, en liquide et non déclarée, pour en faire l’acquisition. Un léger détour par l’unique compagnie d’assurance de la ville d’Oliver, et l’engin est nôtre. Nous apprendrons plus tard que le modèle était dix ans plus tôt l'un des plus utilisés comme voiture fantôme, ces bolides conduits par des trafiquants roulant le plus vite possible pour ne pas être attrapés par les forces de police. Liberté, nous voilà !








Renaud TEILLARD

4 avr. 2012

Histoire de l'Okanagan


Des membres d'une tribu de l'Okanagan
La vallée d'Okanagan, dans laquelle je serai resté plus de deux mois, se situe dans la province de la Colombie-Britannique. A 350 kilomètres à l’Est de Vancouver (au-delà de la chaîne montagneuse Columbia), à 150 kilomètres à l’Ouest des Rocheuses Canadiennes, elle est limitrophe de l’État américain de Washington. La région telle que connue actuellement date d’environ 10.000 ans. A la fin de l’ère glaciaire, lorsque les grands glaciers se retirèrent, ces derniers laissèrent dans leur sillage de vastes dépôts de gravier, de sable et de limon, offrant une terre riches en alluvions pouvant aisément permettre une agriculture raisonnable. Un immense lac glaciaire laissa peu à peu sa place à un immense chapelet de lacs, dont la superficie du plus grand correspond à 60% de celle du Lac Léman (soit 351 km²) bien que plus étendu. Il fut nommé Lac d’Okanagan, en référence à la première tribu établie sur ses berges. Le terme, Ukwnaqin en Salish, signifie « lieu où il y a de l’eau ». Ces Amérindiens étaient de redoutables chasseurs de cerfs et de caribous, et parfois de chamois et d'ours, et des pêcheurs chevronnés. La richesse de la faune de l'Okanagan permettait à cette tribu d'être bien moins nomade que ses semblables. En conséquences, elle se permettait de construire des abris fixes, majoritairement des « pit houses » ou maisons en fosse, érigées en creusant un trou de un à deux mètres dans le sol, recouvert de branchages et de peaux en guise de toit. Ces Indiens vécurent en autarcie quasi totale jusqu’à la conquête de l’Ouest canadien par les Occidentaux.


Exemple de "pit-house"

Emplacement de la vallée de l'Okanagan, en rouge
Ce fut en 1811 que le premier « visage-pâle » entra en contact avec les natifs. Il s’agissait de David Stuart, un marchand de fourrure écossais. Son cousin, employé à la Compagnie de la baie d’Hudson, ouvrit trois ans plus tard la première route commerciale. Celle-ci fut plus largement utilisée à partir de 1850 par les mineurs puis les missionnaires qui fondèrent la ville de Kelowna, aujourd’hui principale commune de la région. On commença par élever du bétail, industrie restant durant des années comme la plus rentable de la région. Puis on se mit à cultiver fruits et légumes. Parmi les premiers vergers canadiens, nombreux furent ceux qu’importèrent les Européens. Dans l’Ouest du pays, la Compagnie de la Baie d’Hudson planta les premières graines de pommier dans la région de Vancouver (1826.) Trente ans plus tard, les premiers vergers furent plantés dans la région de l’Okanagan. Et dans les années 1930, la première fabrique de vin fut implantée, et avec elle des technique d’irrigation pouvant permettre une culture à grande échelle, et qui put ainsi résister aux températures et à la sécheresse de la région.

Il convient ici de signaler que le Sud de la vallée constitue l’extrémité Nord du désert mexicain semi-aride de Sonora, reconnu pour ses immenses cactus pouvant atteindre quinze mètres de hauteur et son altitude élevée permettant l’installation de nombreux observatoires. Cette présence désertique confère à la ville frontalière d’Osoyoos  le statut de municipalité la plus chaude et sèche du Canada. On retrouve ainsi dans la vallée une faune et une flore unique dans le pays : serpents à sonnette, scorpions et lézards érigent leur habitat au milieu des cactus et autres plantes de désert.

La plus grande concentration de vignobles au Canada

Très rapidement, l’industrie fruitière connut un essor hors du commun. A la fin du XIXè siècle, le Coldstream Ranch faisait déjà partie des plus importants producteurs de l’Empire Britannique. Puis l’importance de la culture grandit encore d’avantage avec l’arrivée du chemin de fer en 1886. Et par la suite l’industrie vinicole, notamment grâce à l’importation de plants français, devint le moteur économique de la vallée d’Okanagan. Aujourd’hui, Oliver bénéficie du statut de ville ayant la plus grande concentration de vignobles au Canada.








Renaud TEILLARD