Notre travail quotidien |
Une première semaine de labeur physiquement éprouvante se
déroule lentement, pendant laquelle nous remplissons quotidiennement une à deux tonnes
de poivrons, de piments serranos et jalapeños. Ce sont ces derniers qui génèrent une grande partie du
chiffre d’affaire de l’exploitation de Mr Gill. En effet, originaires du Mexique,
ils sont extrêmement prisés dans l’industrie de la restauration de l’Amérique
du Nord toute entière : on les retrouve même dans les plus grandes chaînes
de fast-food, où de nombreux mets sont indiqués comme utilisant ce légume (le
Mac Bacon & Jalapeño
par exemple.) Fait amusant, le jalapeño est le premier piment à avoir voyagé dans l’espace,
envoyé par la NASA. Sûrement voulaient-ils… donner du piment aux missions
galactiques. Autre fait qui m’a beaucoup fait rire : la difficulté pour
les anglophones de prononcer la Jota, transformant le J en H. Ou quand le Jalapeño devient le HHHalapeños…
Un Punjabi en Okanagan |
Pendant ce temps, nous sommes seuls dans les champs, mis
à part le beau-père de Mr Gill, un Indien du Punjab à la longue barbe grise, à
la tunique blanche, au turban orange et avec une maîtrise de l’anglais proche
de celle du Français moyen. Pendant un temps, le seul mot qu’il utilise est « Baketa .»
Nous réalisons quelques jours plus tard que le terme utilisé est en fait « bucket »
(un seau.) Mais avant, pensant trouver ici une quelconque parole indienne de
politesse, nous l’utilisons chaque fois pour le saluer. Par la suite, lorsque
je lui demande son nom, il me répond : « mmh. Baketa ! » Très
bien… Bonjour, Seau ! Quelques jours plus tard, nous découvrons l’immensité de
son savoir lorsqu’il nous montre le véhicule utilisé pour emporter les
bennes pleines, en s’exclamant « tRRèktRR » Fantastique, nous venons
d’apprendre un deuxième mot du Punjab !
Lors de cette expérience riche en piments, nous rencontrons également Pedro, un Mexicain employé à plein temps dans l’exploitation. Celui-ci, est responsable de la récolte de nos bennes, soulevées par son splendide tracteur bleu et emportées vers le bâtiment principal de S&G Farm. Extrêmement sympathique et souriant, plaisantant sans cesse, il nous apprend beaucoup sur son pays et sur la région de l’Okanagan. Néanmoins soucieux de la qualité de notre récolte, il ne tarit pas de commentaires : « Nooo ! Too muuuuch ! Garbaaage ! You know, my boss ! »
Notre ami Pedro |
The shadow car |
Renaud TEILLARD