Entre le 1er mai et le 30 juin, après avoir quitté la maison de Van Horne, je m’installe dans un appartement au croisement entre les rues Joliette et Ontario. Le nom du quartier, Hochelaga, est celui d’une ancienne bourgade iroquoienne ayant accueilli Jacques Cartier lors de son arrivée sur l’île actuelle de Montréal. L’endroit devint très industriel aux 19ème et 20ème siècles, puis connut de nombreuses faillites entre 1980 et 2000. La pauvreté et le chômage augmentèrent ainsi de manière significative. Ancien quartier ouvrier voire malfamé, l’endroit est ensuite peu à peu devenu agréable à vivre et familial, et conserve encore des loyers peu onéreux.
Vue de la tour : mon logement, au centre dans la résidence en U |
L’avantage principal du quartier, comme nous nous disons avec mes colocataires, c’est « qu’on trouve de tout à Hochelaga » (prononcer Hocheleugueu.) A quelques centaines de mètres de mon habitation, qui se parcourent très rapidement à vélo, mon principal moyen de transport, se trouvent le Stade Olympique, le biodôme et sa tour qui offre un panorama incroyable en 360° de Montréal. Sur la rue Ontario, bien connue des Montréalais, on retrouve tout ce que l’on désire sur 3 ou 4 blocs : des coiffeurs, des supermarchés, une Banque Nationale du Canada (celle qui abrite l’argent que j’ai gagné ici), un serrurier, des magasins très divers, une Armée du Salut et une Fripe-Prix offrant des vêtements à moins de 5$, un réparateur de vélos à bas prix, de nombreux dépanneurs, le marché Maisonneuve, une grande bibliothèque, de nombreux parcs, des Dollarama (ces magasins proposant de tout à 1$, de la vaisselle au savon, en passant par des écouteurs ou des déguisements.) Sans oublier les restaurants et les bars, dont l’un deux fut célébré dans un clip musical par un chanteur québécois renommé, Bernard Adamus. Je voyais d’ailleurs ce bar en question depuis le balcon de l’appartement. La chanson fut pour nous sujette à de nombreux délires : « où ça ? Rue Ontariooo !!! »
Le Bar St-Vincent, vu depuis le balcon |
Notre logement est un 5½ meublé : 3 chambres, une cuisine, un salon, une salle à manger et une salle de bain. Sans oublier le plus important : un balcon de chaque côté, dont l’un faisant face au soleil du matin nous permet de profiter chaque matin d’un bon café bien éclairé. Nous avons bénéficié d’une aubaine hors du commun : les locataires actuels devaient déménager 2 mois avant la fin de leur bail, et nous sous-louent l’appartement pour un prix inférieur au loyer officiel : 200$ mensuels par personne, charges et internet inclus. L’endroit fait partie d’une coopérative d’une soixantaine de foyers, tous copropriétaires de l’endroit et se partageant les tâches ménagères et d’entretien.
Avant une soirée M, déguisés en Mario Bross, en Marge Simpson, et en Marlboro cow-boy |
Mes deux colocataires sont en PVT, comme moi. Le premier, Renato, est un belge d’origine italienne, toujours de bonne humeur et très dynamique. Avec lui et deux autres amis, nous avons d’ailleurs décidé d’acheter un van tout équipé pour parcourir le Québec et le Canada à la fin de l’été. La seconde colocataire se nomme Ana, et est originaire de Husum, au nord de l’Allemagne et à quelques kilomètres de la frontière danoise. Plus réservée et froide, nous apprenons au fur et à mesure à la connaître, à la faire sourire, et à lui faire partager notre fougue.
Au bout de deux ou trois semaines, et ayant similairement le même rythme de vie (retour du travail entre minuit et 2h) nous prenons des habitudes : lorsque nous ne sortons pas « faire le party » chez des amis ou à l’un des innombrables festivals qui regorgent à Montréal en été, nous nous installons tous les trois dans les nombreux canapés et fauteuils du salon à discuter et à « chiller » jusqu’aux aurores. N’ayant que des notions de français comme « bonjour » ou « merci », les conversations se font ainsi en anglais. Ces soirées-là, nous prenons coutumes d’appeler le même dépanneur : « Roger. »
Au bout de quelques semaines, reconnaissant nos coups de téléphone commençant systématiquement par un enthousiaste et chaleureux « Hé M’sieur Roger, comment ça va ?! », l’homme ne nous demande plus ni notre nom ni notre adresse. Celui-ci arrive avec 1 ou 2 cartons de bières, en général des Boréales, et repart avec quelques cartons de bouteilles vides. Il faut savoir qu’ici, certains emballages sont consignés : bouteilles en verre, canettes,... Pour les premières, 10 centimes par unité sont ajoutées à la facture lors de l’achat, et 10 centimes nous sont rendus lorsqu’on les retourne à n’importe quel commerçant. Ce système-là, bien qu’écologique, est fortement critiqué. En effet, la compagnie de bières facture au vendeur 10 centimes par bouteille, qui sont répercutés au client. Il n’y a donc pas de bénéfice. Mais lorsqu’il s’agit pour le vendeur de récupérer ses 10 centimes auprès de la compagnie, c’est plus compliqué, car certaines d’entre elles refusent de récupérer les consignes pour quelque raison. Le vendeur perd ainsi en moyenne 1 à 2 centimes par consigne. Cela dit, lorsqu’on constate le prix de l’alcool à Montréal, on ne plaint plus vraiment le commerçant : un pack de 6 bières de 25 cl coûte environ 12$... La facture monte vite, et l’envie de boire descend !
La cuisine et une partie du salon
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Et pour le plaisir, voici le clip musical d'un groupe de jeunes originaires du quartier Hochelaga. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas chanté en anglais...
Renaud TEILLARD
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