Quelques jours avant mon départ, je regardais un reportage sur les relations entre forces de l’ordre et jeune délinquance, à Paris et dans la banlieue. On y voyait notamment une intervention policière, faisant suite à un appel de la part d’une personne âgée venant de se faire voler son sac à main. Une timide Renault Scénic aux couleurs de la Police Nationale, transportant 4 agents sur leurs gardes, arrivait sur les lieux du délit. Les policiers en sortaient pour rencontrer la victime et la rassurer. A peine quelques secondes s’étaient écoulés que déjà une quinzaine de jeunes s’étaient attroupés et haranguaient les policiers. Inquiets pour leur propre sécurité, ceux-ci rentraient rapidement dans leur véhicule qui démarrait en trombe, alors que les pierres commençaient à fuser. Sous la caillasse, 2 vitres se brisaient. Un des agents faisait alors la moue, et précisait le caractère routinier de l’intervention…
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Police de Montréal |
Le premier jour de mon périple québécois, je lis en une de
24H, un journal gratuit quotidien « Un policier tabassé. » Nous ne sommes donc pas les seuls, me dis-je alors, presque rassuré. Me rendant à la page de l’article, j’imagine le récit douloureux d’un agent jeté à terre, croulant sous les coups de pied gracieusement offerts par une bande de quinze jeunes ou d’avantage, qui le laissent pour mort et s’enfuient en plaisantant, fiers de leur forfait. Je commence alors à lire l’article en question, et quelle n’est pas ma surprise lorsque je découvre l’histoire bouleversante d’un policier en civil et pas en service qui, à la sortie d’un bar au milieu de la nuit, légèrement grisé, et à la suite d’une querelle avec un habitué de l’établissement, se fait… « frapper au visage par deux fois » ! Oh mon Dieu, quelle horreur ! Je vous jure, tout de même, quelle violence !
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Voitures de police |
Quelques jours plus tard, je me rends à pied avec des amis dans un bar, et au coin d’une rue, nous voyons une voiture garée au milieu du passage pour piétons. Le conducteur aura sûrement pensé qu’à cette heure de la nuit, s’il laisse son véhicule ici quelques heures, il ne risque pas grand-chose. Grossière erreur ! Autour, pas moins de quatre voitures de police sont stationnées, gyrophares allumés. Les agents sont en train de discuter, sans doute en attendant l’arrivée de la fourrière. Aux grands maux les grands remèdes, dit-on justement !
Je commence peu à peu à m’habituer à ces excès. Ainsi, au mois de mars de cette année, le gouvernement québécois annonce une augmentation des frais de scolarité des établissements publics supérieurs de 325$ par an dès 2012 et jusqu’en 2016. Pour dénoncer cette décision, près de 2.000 étudiants organisent une manifestation pacifique le 31 mars, partant du
Square Victoria (proche de là où était située l’auberge de jeunesse dans laquelle je séjournais avant d’emménager.) Le défilé continue sur le Boulevard René Lévesque jusqu’au Boulevard Saint-Laurent. Suivant de près la manifestation, je vois un véritable convoi de voitures de police resserrées (j’en compte 16), chacune pourvue d’un important équipement informatif à faire pâlir les Bill Gates et autre Steeve Jobs et qui empiète sur le siège passager à tel point que même un teckel devrait y serrer les pattes. La section est clôturée par quelques sept fourgons blindés, prêt à déployer leurs armes de destruction massive si seulement l’ombre d’un crachat effleurait le sol. Et pour ajouter un peu de naturel dans ce pays où l’écologie semble prendre une part importante dans la vie quotidienne (du moins à travers les publicités et autres messages), un régiment de police montée encadre la manifestation. « Calice ! », me dis-je, en prenant garde de ne pas le murmurer, par peur des représailles…
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Une du Journal de Montréal |
Après trois semaines passées ici, j’ai donc compris que la société québécoise est particulièrement calme et pacifique. Mais ici-bas, il y a systématiquement une thèse et une antithèse, une chose et son contraire, une partie et sa contrepartie. Ainsi, chaque évènement qui rompt ce calme le fait franchement. Au cours du mois de mars, me raconte ainsi une serveuse du café où j’ai récemment été embauché, un gang armé y a surgi en début de soirée, emporté la caisse et allégé de son ordinateur portable chaque client présent, avant de s’enfuir au volant d’un puissant 4x4 aux vitres teintées. Retrouvés par la
police montréalaise quelques heures plus tard, ils détenaient dans leur coffre un arsenal d’armes de gros calibre, de nombreux objets technologiques destinés au marché noir et quelques kilogrammes de drogues. Ils risquent la prison à vie. A ce propos, au Canada, toute personne reconnue coupable de meurtre est condamnée à perpétuité. Il est clair que cela réduit l’envie de tuer…
C’est pourquoi, avec seulement 4.600 policiers, le budget annuel à Montréal n’est que de 587 millions de dollars $CN (environ 437 M€), soit moins de la moitié du seul budget alloué à la police municipale parisienne, pour un nombre d’habitants inférieur de quelques centaines de milliers.
La politique est donc très simple : tant que tu marches droit, tu n’auras aucun problème. Si tu sors des sentiers battus, c’est une toute autre histoire ! 180$ d’amende si tu es surpris à uriner en pleine rue. 90 jours de suspension de permis si tu conduis avec un taux d’alcoolémie supérieur à 0.08%. 306$ si tu es en état d’ébriété sur la voie publique. En clair… fais gaffe !
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Humour québécois : la Police Donut |